Alors que nos impôts ne cessent de croître, que les plus modestes d'entre nous travaillent de plus en plus durement voire se privent pour les payer, il est des hommes publics qui considèrent l'argent du contribuable comme un onguent dont on s'enduit largement, une sorte de drogue dure dont on devient dépendant.
Remiremont n'échappe pas à la tendance qui veut que certains édiles oublient trop facilement le lien qui existe entre l'argent public, le travail, le sacrifice qu'il coûte aux administrés.
Oh, les bonnes âmes retorqueront que pour gagner de l'argent, il faut en dépenser, qu'il faut d'abord dépenser et que la vertu viendra après. Ils ont raison lorsqu'une dépense permet de créer de la richesse et donc à terme, d'enrichir celui qui a investi.
Remiremont ne montre pas l'exemple, la ville a toujours besoin de plus d'argent que ce qu'elle gagne et il est venu le temps de suivre un autre chemin. Celui de la sagesse et de la mesure et ceci passe par une prise de conscience collective et l'engagement de celles et ceux qui ont une vision d'avenir de la ville.
Nous ne pouvons plus dépenser 3,5 millions d'€uros soit près de 400 €uros par romarimontain pour refondre 2160 m² de bureaux encore occupés par la bibliothèque, le receveur des impôts ou hier encore l'office national des forêts. Etaient-ils si mal logés qu'il faille investir 1620 €uros au m² ? Et pour quoi faire ? y mettre les archives municipales, transférer un office du tourisme qui ne peut rêver meilleur emplacement que celui de l'espace du volontaire où il est aujourd'hui installé.
Le CIO ne serait-il pas mieux, intégré dans un des établissements scolaires de la ville s'il se sent à l'étroit là où il est. Quant au centre médical précoce, il doit bien y avoir une petite place pour lui ailleurs.
Engager une telle dépense en sachant qu'il n'y aura non seulement aucun centime de rapport mais qu'en plus cette nouvelle structure coûtera en fonctionnement n'est pas raisonnable.
Faut-il consacrer 267 000 €uros pour matérialiser une zone 30 en ville ? soit plus de 3000 €uros pour chacune des 7 ou 8 rues concernées et ce pour mettre un panneau qui défigurera le paysage, des ralentisseurs à l'exemple de celui construit devant l'étude Marion dans la rue Charles de Gaulle, si haut qu'il met à mal les amortisseurs de nos voitures.
Qu'auraient dit les romarimontains s'ils avaient été consultés sur de pareils projets porteurs de contraintes au quotidien. Ils auraient refusé de payer pour des chicanes, des barrières...
Quant aux personnes âgées privées du traditionnel passage protégé, bien visible, auquel elles sont habituées, on va paraît - il les éduquer pour qu'elles sachent qu'elles peuvent désormais traverser la rue où bon leur semble, la chaussée étant désormais partagée entre piétons et automobilistes. On croît rêver ! que se passera-t-il le jour où l'une d'entre elle sera renversée faute d'avoir compris le message ?
Pourquoi faire simple ce que l'on peut faire compliqué grâce à l'argent public.
Que dire des 51 000 €uros laissés à la charge des contribuables pour faire circuler une navette, vide au 9/10ème la plupart du temps, soit 170 €uros par jour sur 300 jours. Il y a là de quoi payer le taxi à ses rares utilisateurs ! Ne faut-il pas réfléchir à une solution plus économique ?
Que penser d'une dépense de 358 000 €uros pour remplacer les 46 huisseries des fenêtres de l' Hôtel de Ville qui n'a, que je sache, rien de l'hôtel des courants d'air ?
Je ne parlerai pas du magnifique bâtiment de l'école de Maxonrupt qui méritait une destinée plus noble et plus productive de rentabilité.
L'heure est venue d'arrêter de jouer avec l'argent de ceux qui travaillent pour participer au mieux à la vie de la collectivité. Ceux que l'on rémunère, et l'on a trop tendance à l'oublier, pour gérer notre quotidien doivent s'imposer une cure de sevrage. On ne peut plus dépenser inconsidérément en pensant constamment qu'il y aura toujours un contribuable pour payer l'addition.
Une bonne gestion c'est penser à l'avenir, c'est oeuvrer constamment pour imaginer des réalisations capables de produire de la richesse à la ville, ce n'est pas investir dans des dépenses somptuaires destinées à quelques privilégiés. C'est toujours avoir présent à l'esprit l'intérêt du plus grand nombre et le souci non pas seulement de contenir l'impôt mais de le réduire. C'est possible, encore faut-il en avoir la volonté. Si l'argent est devenu une drogue dure pour certains et qu'ils ont dépassé le stade de la dépendance il faut sans tarder leur prescrire une cure salutaire de désintoxication.
Remiremont se meurt lentement mais se confectionne un cercueil doré à coup de millions d'€uros. Le vernis de la bière n'a jamais ressuscité le mort !
Notre ville, est un joyau historique qui n'aspire qu'à se réveiller, un carrefour géographique où le négoce a tout pour être florissant, mais pour cela il faut une autre vision, plus ambitieuse, plus volontaire que celle qui prévaut.
Avant que nous n'ayons plus que nos yeux pour pleurer, des dettes à payer nous devons mobiliser les bonnes volontés pour qu'elles donnent de leur temps pour imaginer un avenir plus radieux.
Notre jeunesse, nos commerçants, artisans, tous ceux qui veulent entreprendre doivent être aidés en priorité car ils sont le poumon économique, social, indispensable au développement durable de la cité. S'il y a un centime à donner, c'est à eux qu'on le doit car il fera des petits.
L'heure est venue de réorienter notre devenir pour que Remiremont redevienne une ville prospère, attirante dans laquelle il fait bon vivre et où chacun se plait à être ensemble et solidaire.