Si un roman est "une espèce de machine qu'on fabrique pour éclairer le sens de notre être dans le monde", l'autobiographie dans laquelle on ressuscite son passé exige de parler de soi sans artifices. Simone de Beauvoir y réussit merveilleusement.
Sans timidité et sans orgueil, sans complaisance et sans truquage, cette ardente apôtre de l'autobiographie nous dévoile une enfance à la fois heureuse et tourmentée. On y voit poindre une sensibilité amoureuse dans la douceur parfumée des bras d'une mère pour s'épanouir dans l'adoration passionnée pour Zaza, l'éternelle disparue.
Au fil de la métamorphose maléfique de l'adolescence se construit l'identité d'une "dévergondée cérébrale" rejetant le rôle social réservé aux femmes, reniant en bloc Dieu, la famille et l'ordre établi.