La révolte viscérale du psychologue subtil, parfois pénétrant, toujours précieux et maniéré qu'est Stendhal dépasse les épisodes d'une querelle littéraire.
Son premier chef-d'oeuvre, Le Rouge et le Noir fait passer son ressentissement d'enfant malheureux, dressé contre sa famille, contre les prêtres et lui donne l'occasion de regarder la morale traditionnelle comme la comédie des conventions et de l'hypocrisie. Julien Sorel, l'orgueilleux, l'ambitieux, odieux à beaucoup de lecteurs exprime ses propres rancoeurs, son culte de l'énergie et de la réussite. Ce Bonaparte de séminaire finit sur l'échafaud, mais il n'en est pas moins victorieux de la société dont il a compris la farce et tiré les ficelles. Julien meurt sans crainte et sans remord : "Messieurs les jurés, je n'ai point l'honneur d'appartenir à votre classe, vous voyez en moi un paysan qui s'est révolté contre la bassesse de sa fortune, je vois sur ces bancs uniquement des bourgeois indignés ...".
Julien faussement humble et volontairement provocateur perd sa tête après avoir fait le douloureux apprentissage de l'hypocrisie du monde.
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