Malraux s'interroge sur la métamorphose de la terre et sur l'irrémédiable, le "tu ne sauras jamais ce que tout cela voulait dire".
En face de cette question il répond "que m'importe ce qui n'importe qu' à moi ? ... J'ai peu et mal appris à me créer moi-même, si se créer, c'est s'accommoder de cette auberge sans routes qui s'appelle la vie. J'ai su quelquefois agir, mais l'intérêt de l'action, sauf lorsqu'elle s'élève à l'histoire, est dans ce qu'on fait et non dans ce qu'on dit. Je ne m'interesse guère".
Alors pourquoi écrire ? Pourquoi se souvenir ?
"Parce que, ayant vécu dans le domaine incertain de l'esprit et de la fiction qui est celui des artistes, puis dans celui du combat et dans celui de l'histoire, ayant connu à vingt ans une Asie dont l'agonie mettait encore en lumière ce que signifiait l'Occident, j'ai rencontré maintes fois, tantôt humbles et tantôt éclatants, ces moments où l'énigme fondamentale de la vie apparaît à chacun de nous comme elle apparaît à presque toutes les femmes devant un visage d'enfant, à presque tous les hommes devant un visage de mort.
Dans toutes les formes de ce qui nous entraîne, dans tout ce que j'ai vu lutter contre l'humiliation, et même en toi, douceur dont on se demande ce que tu fais sur la terre, la vie semblable aux dieux des religions disparues m'apparaît parfois comme le livret d'une musique inconnue".
Les Antimémoires contribuent à expliquer, au travers de l'histoire, comment faire de sa vie et de sa mort quelque chose qui ne soit pas un absurde hasard subi sans conscience.
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